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Osmose, 2006-2007
contreplaqué gravé
40' x 12' / 1219 x 366 cm

 

 

En visitant le Pavillon Jean-Coutu pour la première fois, je me suis immédiatement senti plongée dans une atmosphère où la grandeur et l’intimité sont harmonieusement réconciliées. J’ai été frappée par cette double sensation de micro et de macro provoquée par le passage de l’étroit corridor au monumental volume de l’atrium. À gauche, un espace plus intime nous conduit à une petite fenêtre révélant le monde extérieur. Cette dernière nous rappelle que la recherche scientifique, tout comme l’art, procède souvent d’une ouverture, d’une observation de la nature.

À partir de ces prémisses, j’ai voulu créer une œuvre qui reste fidèle à l’architecture du pavillon et qui apporte un sentiment quasi aérien de grandeur, d’épuration, d’élévation et de paix. Nous pouvons sentir l’échange qui s’établit entre l’architecture, le lieu et le travail des chercheurs, les menant à la réalisation de nouvelles idées et de nouvelles découvertes. Le mur qui accueille Osmose s’impose par sa taille et par les multiples points de vue d'où l'on peut le contempler. L'horizontalité de l'œuvre fait écho aux murs de fenestration encerclant l’atrium, ce qui suggère au spectateur une vision à 360 degrés l'invitant à pivoter sur lui-même et à contempler l'espace entier, y compris les éléments architecturaux du plafond qui rapellent, en quelque sorte, une réelle sculpture.

De plus, les éléments horizontaux en bois dans les balcons des trois étages intègrent encore plus efficacement la murale dans l'enceinte de l'atrium. L’utilisation du contre-plaqué, du bois, est vitale dans ce dialogue puisqu’elle met l'emphase sur les éléments naturels, voire vivants, que l'architecture utilise comme ponctuation au sein de différents matériaux plus industriels que l'on y retrouve tels le béton et le verre. La chaleur des teintes du bois, son aspect naturel et les formes organiques qui y sont gravées veulent apporter un aspect accueillant, invitant, qui incite tous et chacun à utiliser l'atrium comme lieu privilégié de ressourcement. Ainsi l’œuvre ne s'impose pas dans l'espace tel un intrus, mais elle travaille en symbiose avec l’environnement: cette murale habite le lieu et le lieu habite la murale.

De cette manière Osmose agit comme un prolongement de la fenestration environnante, nous invitant à voir au-delà de la matérialité de l’œuvre elle-même. La beauté de cet autre espace devient donc tributaire de la vision même de chaque spectateur et de l'interpétation qu'il apporte à la matière première qu'on lui offre. Le type d’imagerie que je propose peut se déchiffrer tel un paysage imaginaire, un monde topographique, des espaces oniriques aux différentes perspectives simultanées, la vue d’un microcosme cohabitant avec la vision de l'infiniment grand. Plus fascinant encore, ces multiples interprétations peuvent osciller les unes avec les autres, nous propulsant dans un état d'introspection, de réflexion et de recherche.

L'atrium devient alors un lieu de passage et de communication entre différentes pratiques, entre la recherche pure, la recherche appliquée et la création elle-même. En ce sens, une affinité toute particulière est mise en œuvre entre la création, la recherche et l’habitation d’un espace architectural.

 

Yechel Gagnon, 2007

 

Remerciements:
En premier lieu, je tiens à remercier Alexandre Masino qui fut impliqué à toutes les étapes de la réalisation de cette œuvre. Je remercie également Yan Giguère et Christian Miron pour la conception du système d’accrochage et l’installation de l’œuvre, et François Breton pour le vernis de la murale. Merci à tous ces gens pour leur apport significatif.

 

 

 

©2001Yechel Gagnon