Tong, 2011
Le mur extérieur du Théâtre La Licorne présente Tong une sculpture d’aluminium coulé dont la matrice originale s’inscrit dans la lignée de ma production habituelle de travail sur bois. Le mot chinois tong implique une idée d’union, de collaboration et d’énergie dont la force agissante dépasse la somme des parties. C’est bien ce qui se passe au théâtre où auteurs, metteurs en scène, comédiens, techniciens et spectateurs participent à une oeuvre commune, une oeuvre d’art fondée sur la vie humaine, sa représentation, ses transformations. En concevant cette oeuvre, j’ai souhaité manifester concrètement l’idée de “devenir” inhérente au travail de La Manufacture: “devenir” présent tant dans l’élaboration de l’oeuvre théâtrale que dans l’esprit de celui qui y assiste. J’ai donc conçu des formes en mouvement, des formes organiques où le dialogue est essentiel. Les plus petits éléments donnent toute leur vitalité aux grandes formes. Leur présence est capitale et engendre un mouvement, un retour du regard vers les zones opposée, une réflexion ininterrompue entre l’éthéré et le dense.Tong fait corps avec le mur extérieur du théâtre et, de cette manière, rejoint le plus de regards possible; le passant est interpellé et tout le quartier peut y voir son théâtre. L’imagerie de cette oeuvre prête à de multiples interprétations. De la vision topographique où certains y voient montagnes, îles ou rivières, d’autres saisiront l’aspect microscopique de cellules vivantes évoluant en milieu fluide. De la texture du bois gravé, on se verra transporté dans un univers où l’alchimiste a réussi son expérience. Tong exprime les nombreux parallèles existant entre théâtre et arts visuels, entre l’oeuvre d’art et l’architecture; parallèles évidents ou subtils selon le cas. Par exemple, le nombre des éléments de la sculpture peut se référer au nombre de personnages d’une oeuvre de théâtre et la dimension des pièces, à l’importance des rôles. La fluidité, le mouvement qui ressort de la sculpture peut traduire l’évolution des personnages et de la vie elle-même. L’espace noir du mur joue le même rôle que le non-dit au théâtre incluant tout ce que le spectateur se fera comme réflexion à la sortie de l’évènement scénique. Si le mot Tong ou Ensemble m’est venu à l’esprit pendant la conception de cette oeuvre, c’est qu’il fait le lien entre toutes les personnes oeuvrant au théâtre. C’est aussi ensemble que l’on assiste à une représentation théâtrale. C’est ensemble, en tissant des liens entre les grandes traditions, que s’est développée la société actuelle. C’est donc ensemble que les mots, les arts de la scène, l’architecture et la sculpture serviront de levain à la société en évolution.
Yechel Gagnon, 2012 Remerciements:
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