previous | home |

 

Entre brume et nuage, 2010
graphite on mylar, ink on stonehenge paper mounted on aluminum
113.5” x 583.5” / 288 x 1482 cm     

Entre ciel et terre, 2010
carved poplar plywood  
120” x 58” / 305 x 147 cm 

 

(french version)

 

Entre brume et nuage, Entre ciel et terre, deux oeuvres en apparence très différentes, mais ayant des liens très profonds, des points de ressemblance subtils et substantiels. Entre elles s'établit un dialogue où la diversité et la ressemblance se rehaussent mutuellement.

L’espace offert, au Collège Jean-de-Brébeuf, par le long corridor et le grand foyer est à la fois double et unique: double dans ses dimensions et ses fonctions; unique par son architecture épurée et majestueuse qui le lie au jardin extérieur et aux éléments naturels. Il fallait donc créer une oeuvre qui épouse les données architecturales en les animant de manière à magnifier ses qualités intrinsèques d’élégance et d’élévation. J’optai, alors, pour l’utilisation des deux techniques que l’on peut voir ici, le bois gravé et le frottage. Le bois faisant écho au matériau du gymnase et les dessins en noir et blanc reprenant les teintes ambiantes.

Durant la période très reculée de la dynastie Han, alors que dans cette Chine inventive on commençait à fabriquer le papier, la technique de frottage servit à reproduire les enseignements précieux gravés dans la pierre. Au XXe siècle, le surréaliste Max Ernst libéra cette technique de son asservicement à reproduire la matrice avec exactitude. Le frottage devint une manière de créer une oeuvre nouvelle en procèdant par déplacement du papier. C’est de cette façon que j’utilise cette technique, en cherchant dans la surface gravée l’image qui correspond à ma vision intérieure, inspirée par le lieu spécifique où mon oeuvre sera présentée. 

Le tryptique Entre brume et nuage est produit à partir des bas-reliefs vus dans le corridor, mais on chercherait en vain quel panneau correspond à tel ou tel dessin. La composition issue du bois gravé est unique et originale. Ses dessins sont entrecoupés de bandes noires qui peuvent rappeler le rythme des panneaux de bois de manière à intensifier l’unité des deux oeuvres proposées. Entre brume et nuage présente une imagerie à mi-chemin entre abstraction et paysage imaginaire faisant écho à une certaine tradition chinoise de la peinture à l'encre. Cette oeuvre se veut à la fois apaisante et dynamique pouvant répondre à l'interprétation de chaque spectateur et à son état d'esprit.

Dans le corridor Entre ciel et terre dévoile aussi une série d’espaces imaginaires ouverts à de multiples interprétations. Chaque bas-relief a son entité propre, mais l’oeil attentif y discernera un long mouvement qui circule d’un tableau à l’autre comme une grande marée d’abord imperceptible. Les différentes couches de bois du contreplaqué me permettent de découvrir des teintes, des formes, des textures douces ou rugueuses, des éléments d’une variété infinie.

De différents formats, les bas-reliefs s’intègrent entre les lignes verticales déjà présentes sur le mur. Ils en rythment la cadence dans une symbiose avec l’architecture. L’élément bois, élément organique par excellence, traverse la transparence du mur-rideau pour prolonger la beauté du jardin extérieur. Ce jardin, visible du grand foyer, n’est pas étranger non plus à l’inspiration qui soustend les dessins de frottage.  Le blanc et noir de ces grandes fresques soulignent avec majesté le caractère grandiose et noble de l’architecture des lieux.

Celui qui s’arrêtera à considérer la profonde convergence de tous ces éléments aura la révélation de se trouver en présence d’une seule et grande oeuvre d’art où architecture, jardin, Entre brume et nuage, Entre ciel et terre jouent de connivence pour ne tenir qu’un seul et même dialogue.

 

Yechel Gagnon, 2010

 

Remerciements:
Un projet d’art public d’envergure ne se fait jamais seul. Comme toutes choses dans la vie, il y a une équipe précieuse qui fait partie de cette aventure. En premier lieu, je remercie sincèrement Alexandre Masino pour sa collaboration significative. Je tiens à remercier Yan Giguère et Christian Miron pour la conception du système d’accrochage et l’installation de l’oeuvre.  Je remercie également Louis Lussier, Pierre Charrier, Gisèle Millet et Renée Joubert.  Merci à tous pour leur soutien indispensable.

 

 

 

 

©2001 Yechel Gagnon